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LA CHARGE DES EXPATRIES A WOODLODGE
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© Photos : MJX, sauf indication contraire.


Ils étaient cinquante trois. Ils faisaient un front d'un quart de lieue. C'étaient des hommes géants dans des voitures colosses. Ils étaient trois Klipper, et ils avaient derrière eux, pour les appuyer, la division de Levèque, la compagnie des Simoens, les deux Marissaux, la section Grosjean, les lanciers de SAP, les nouveaux venus, les voisins Anquez, et les amis Muller. Ils portaient fièrement le plat de veau au thon, la quiche lorraine et le plateau de fromages avec les longues baguettes de pain français et les bouteilles de vin dans les fontes. Le matin, tous les magasins de la ville les avaient admirés quand, à quatre heures, les Klaxons sonnants, toutes les voitures hurlantes, ils étaient venus, colonne épaisse, un tiramisu à leur flanc, trois mousses au chocolat à leur centre, se déployer sur deux rangs entre Wilcrest et Kirkwood et prendre leur place de parking près de cette puissante bâtisse si savamment construite par un sinistre inconnu, laquelle, ayant à son extrémité de gauche un ponton pourri, avait pour ainsi dire une aile de bois cassée.

L'aide de camp, Alexandre Jauniaux leur ouvrit la porte. Les escadrons énormes s'ébranlèrent.

Alors on vit un spectacle formidable.

Toute cette cavalerie, coupes levées, verres et flûtes au vent, formée en colonnes par division, descendit, d'un même mouvement et comme un seul homme, le couloir vers le bar, s'enfonça dans le fond redoutable du buffet garni, reparut de l'autre côté de l'atrium et disparut dans le hall, puis, sortant de cette ombre, reparut de l'autre côté du jardin, toujours compacte et serrée, montant au grand trot, sous un soleil de plomb, les abords de la piscine. Ils mangeaient, gais, bavards, imperturbables; dans les intervalles des cliquetis des couverts, on entendait le bruissement des mâchoires. Etant deux générations, ils étaient deux colonnes, les jeunes avaient la chambre avec la télévision, les adultes avaient le jardin et le bar. On croyait voir de loin s'allonger vers les plateaux deux immenses couleuvres affamées. Cela traversa le salon comme un prodige.

Soudain, l'arrière-garde, constituée par les Lesenfants et les Crucifix se présenta pour achever la dernière bouteille de champagne.

Rien de semblable ne s'était vu depuis la descente de la San Jacinto River par Nova Belgica; Glineur y manquait, mais les Libert s'y retrouvaient. Il semblait que cette masse n'eût qu'une âme.

Les expatriés se ruèrent sur les pâtés. Ventre à terre, brides lâchées, couteau entre les dents, fourchette au poing, telle fut l'attaque. Il y a des moments dans les batailles où l'âme durcit l'homme jusqu'à changer le cadre en affamé, et où toute cette bonne chère se fait engloutir. Les bataillons de plats, éperdument assaillis, ne bougèrent pas. Alors ce fut effrayant.

Les Muller prirent position à la table des desserts, endroit particulièrement stratégique.

Jean-Pierre Bex, en grand costume d'apparat, ne résista pas à la mousse de foie de volaille; il fut le premier à partir joyeux pour des courses lointaines (encore Victor !).

Jean Levèque, malgré sa blessure béante au genou, resta debout, appuyé sur ses dix pieds ( il avait emporté deux chaises ), protégeant de son corps la Hi-Fi tonitruante, jusque tard dans la nuit noire.

Quand enfin le buffet se rendit, on put passer en revue les événements de la précédente expédition, le mur de l'atrium faisant office d'écran.

Soudain, dans la nuit épaisse, une voix de ténor s'éleva. C'était Mansy qui sonnait la retraite.

Le combat, plus long que prévu, se termina vers 23 heures par l'ouverture des quelques canettes qui restaient terrées dans le frigo et par le départ du dernier carré formé par Coustry, Frédérich, Lequeue et Simoens.

Le lendemain à l'aube, on découvrit sur le champ de bataille, les potirons éventrés, les restes d'un taboulé, quelques crevettes déchiquetées, des croûtes de fromages,... La mousse de saumon avait disparu corps et biens. Des cadavres de bouteilles jonchaient le sol.

Seule la piscine n'avait pas été vidée au cours de l'assaut final.

La chatte, Agrippine, toujours vivante, se remettait de ses émotions de la veille.

Pierre Jauniaux, désespéré, retrouva son fortin de Lego complètement détruit par les canons de l'ennemi.

(Victor) Marc Jauniaux

( d'après Les Misérables, version originale du 18.06.1815 disponible sur demande)

L'histoire retiendra les noms de tous ces valeureux expatriés :

4 ANQUEZ
1 BEX
1 COLLINO
3 COUSTRY
4 CRUCIFIX
1 DE MATHELIN
1 DEGREVE
1 FIASSE
2 FREDERICH
4 FRYNNS
1 GIOT
2 GROSJEAN
3 KLIPPER
4 JAUNIAUX
3 LEQUEUE
2 LESENFANTS
2 LEVEQUE
4 LIBERT (+0.5)
1 MADJARIAN
1 MANSY
2 MARISSAUX
2 MULLER
1 ROOSE
3 SIMOENS

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